Consommation

Le groupe aurait triché « au vu et au su » de tous, selon une commission du Sénat.

Une enquête spéciale sur les pratiques de traitement des eaux par Nestlé a été initiée en avril 2024 par le Sénat. Les résultats de cette enquête, adoptés cette semaine par la Commission des affaires économiques, critiquent sévèrement l’entreprise pour son manque d’intégrité ainsi que l’absence de transparence de membres du gouvernement informés de la situation.

Il y a plusieurs semaines, les révélations du Monde et de Franceinfo ont dévoilé que Nestlé utilisait, depuis des années, des traitements interdits pour ses eaux minérales. Cette semaine, la validation de ces affirmations est venue appuyer les résultats de la mission rapide du Sénat. De plus, la commission a souligné que plusieurs ministres étaient au courant des agissements du géant alimentaire mais ont omis de prendre les « mesures correctives nécessaires ». Selon la sénatrice écologiste Antoinette Guhl, « Nestlé a trompé les consommateurs. »

« Tous les ministres impliqués ont ignoré le problème sans rien faire. Ils auraient dû réagir et informer le public, mais ne l’ont pas fait », a-t-elle déclaré dans un entretien avec Le Monde et Franceinfo. La sénatrice a également dénoncé le « flou juridique » et les informations « parcellaires » fournies à certaines administrations.

Pendant 15 ans, Nestlé a utilisé des filtres interdits. Bien que plusieurs ministres aient été informés de cette pratique, aucune action n’a été entreprise. La mission rapide déplore également l’absence de « mesures de suivi immédiates pour empêcher la commercialisation d’eaux minérales en dehors des normes exigées ».

Les conclusions du Sénat ne certifient pas l’arrêt de l’utilisation des filtres illégaux par Nestlé

En plus des constats passés, la sénatrice Antoinette Guhl avertit qu’il est impossible d’être certain qu’il n’y ait plus de fraude en cours sur le site de Perrier dans le Gard. Elle explique qu’« il y a maintenant deux sortes d’eaux produites dans la même usine : une eau Maison Perrier traitée et une eau minérale Perrier censée être pure. Cela peut créer une confusion entre les deux produits », précise la sénatrice qui a dirigé la mission initiée en avril dernier.

Actuellement, rien ne permet de confirmer que Nestlé a cessé d’utiliser ces filtres interdits. Un rapport de constatation du mois de juin dernier par les inspecteurs de la DGCCRF a souligné un « point critique de loyauté » lors de l’inspection du site Vergèze de l’entreprise.